La fournaise 1 - Enfermé by Alexander Gordon Smith

La fournaise 1 - Enfermé by Alexander Gordon Smith

Auteur:Alexander Gordon Smith [Smith, Alexander Gordon]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Dystopie
Éditeur: Pocket Jeunesse
Publié: 2013-04-10T22:00:00+00:00


Ils surgirent sans prévenir. Et sans pitié.

J’étais au beau milieu d’un rêve, lorsque je fus brutalement ramené à la Fournaise par une sirène qui refusait de se taire. Le hurlement continu faisait vibrer toute la prison et menaçait mes tympans d’explosion. Je crus d’abord qu’il s’agissait de la sonnerie de réveil, mais il faisait toujours noir et d’après mon horloge interne, on était en pleine nuit.

Je compris alors ce qui était en train de se produire. Ils arrivaient. Je me redressai sur mon lit, le cœur battant si fort qu’on aurait dit qu’il cherchait à bondir hors de ma poitrine. Une vague de murmures gémissants et de cris paniqués fit le tour de la prison, et près de moi, Donovan parut ravaler un sanglot.

— Mon Dieu, je vous en prie, pas ce soir, l’entendis-je chuchoter. Et pas moi. Pas moi. Je vous en prie.

L’obscurité m’enveloppait comme un cercueil et mes yeux en manque de lumière me jouaient des tours. D’étranges silhouettes jaillissaient des ombres, toujours aux limites de mon champ de vision, tendant vers moi leurs doigts pourrissants et leurs orbites creuses. Je donnai plusieurs coups dans le vide et, chaque fois, les fantômes se dissipèrent pour mieux se reformer, implacablement.

Le hurlement de la sirène cessa et, au même moment, un millier d’ampoules rouges serties dans les parois de la prison s’allumèrent. Je fus plongé dans un silence épais et étouffant. Le monde m’apparut tout en nuances de rouge et de noir et je me surpris à prier pour que l’obscurité revienne. Dans les ténèbres, on a au moins une chance de se cacher.

Un sifflement nous parvint depuis la cour en contrebas, suivi d’un claquement retentissant tandis que la porte blindée se déverrouillait. Des formes voûtées émergeaient lentement de la pénombre, comme le cortège de tête d’une procession funéraire. Difficile de distinguer de qui il s’agissait depuis ma cellule ; la lumière rouge les transformait en fantômes flottant à travers la cour. Leurs respirations sifflantes, toutefois, étaient révélatrices. Je tendis le cou pour mieux voir mais à peine avais-je bougé que Donovan s’emporta.

— Baisse la tête, crétin ! siffla-t-il. N’attire pas l’attention sur nous.

On aurait entendu une mouche voler. Tous les prisonniers de la Fournaise s’étaient tus, n’osant même pas respirer de peur d’alerter les silhouettes difformes en contrebas. Mon propre souffle me semblait aussi bruyant qu’un ouragan et on entendait sans doute mon cœur au rez-de-chaussée.

En bas, les cinq silhouettes s’arrêtèrent au milieu de la cour, dans l’ombre. Puis, une par une, elles se mirent à hurler. Le son me glaça le sang. On aurait dit le cri d’agonie d’un animal blessé. Mais ce cri exprimait aussi de la colère. Il remonta en vibrant le long des murs de la prison, nous changeant tous en pierre. Puis les silhouettes relevèrent la tête et je vis de qui il s’agissait.

C’étaient les masques-à-gaz, les panteleurs, avec leurs petits yeux porcins et leur chair pâle.

Le bruit suraigu nous vrilla de nouveau les tympans, puis le groupe se scinda. Deux panteleurs se dirigèrent vers les escaliers, d’une démarche disgracieuse.



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